In Media Res #01 : Ecorciel

Quand l’arbre devient ciel dans l’œil de l’algorithme

Ecorciel

Écorciel

Exploration d’un système de rendu éphémère

SLF Viewer / Luma Fields Editor

Le SLF Viewer / Luma Fields Editor est l’outil de Luma AI pour travailler les reconstructions 3D issues de NeRF et de Gaussian Splatting.
Il repose sur une proxy geometry : une approximation volumétrique simplifiée (des formes proches de blobs), sur laquelle est projeté un mapping photographique très précis.

Le résultat est un rendu de travail, une preview.
Il est stable tant que la scène est conservée, mais il n’est pas pensé pour être exporté tel quel : il sert à naviguer, corriger, explorer.
C’est ce statut d’image intermédiaire — ni totalement brute, ni véritablement finale — qui m’intéresse.

Ce que révèle la preview

Dans cette preview, la nature prend un visage étrange.
La géométrie simplifiée s’accroche aux textures photographiques, créant des alliances inattendues :

les branches fusionnent avec le ciel,

les feuilles reçoivent comme un dépôt de nuage,

le fond aérien se matérialise dans l’avant-plan.

Il y a comme un paradoxe :
transformer le ciel en objet 3D.
Ce qui est, par essence, immatériel, se trouve forcé par l’algorithme à devenir matière.

L’impressionnisme inversé

Cette projection ne documente pas la nature, elle la recompose.
Elle fige une symbiose impressionniste inversée :
les vibrations de la lumière et de l’air ne sont plus fugaces mais pétrifiées,
les éléments se soudent dans une continuité artificielle.
Un ciel-objet, des feuilles-nuages, des branches-ciel.

Ce n’est pas un paysage fidèle, mais un organisme d’image hybride,
où le vivant est remplacé par une cohabitation algorithmique.

Une trilogie d’explorations

Chaque rendu dans le SLF Viewer / Luma Fields Editor me permet d’explorer une facette différente :

avec Petit Saint, j’ai travaillé l’idée du seuil, de l’image comme peau : traverser un corps de cire, en percevoir l’holographie et l’anamorphose.

avec Arc-en-seuil, j’ai exploré la lumière elle-même : sa constitution en arc-en-ciel, mais aussi l’ombre générée par un simple fondu au noir, comme une planète en suspens.

avec Écorciel, je m’attache à cette symbiose impressionniste inversée : la matérialisation paradoxale du ciel, la fusion des arbres et de l’air, la nature rendue autrement par la contrainte algorithmique.

Un organisme d’image

Écorciel existe comme une trace, une capture de cette preview.
Il ne s’agit pas d’un objet fini, mais d’une image-organisme :
fragile, hybride, instable,
qui ne cesse de montrer la nature autrement,
en l’obligeant à devenir ce qu’elle n’a jamais été.